19 avril 2021

Retrait de la réforme de l’assurance chômage !

Jeudi 15 avril, Élisabeth Borne a subi une première défaite dans sa réforme de l’assurance chômage. Après des mois d’avertissements venus de tous les horizons associatifs, militants et intellectuels, et même de l’Unedic, le gouvernement découvre à peine, quinze jours après la publication de son décret, qu’il est discriminatoire. Ainsi les femmes enceintes, personnes malades, ou mises en activité partielle (p. ex. durant les confinements) auraient vu leurs droits amputés. Il a donc juré de reprendre sa copie. C’est un premier recul, mais évidemment insuffisant : le gouvernement doit abandonner sa réforme.

Le gouvernement veut prendre dans les poches des chômeurs 2,3 Mds d’euros : il donne chaque année le double aux plus riches, avec la suppression de l’impôt sur la fortune. C’est pourtant leur fortune qui a fait, dernièrement, un bond de géant. Les milliardaires français ont gagné 175 Mds d’euros pendant les neuf premiers mois de la crise sanitaire. Alors que plus d’un chômeur sur deux n’est pas indemnisé, le gouvernement veut encore couper dans les dépenses de l’assurance chômage. Il veut le faire dans un contexte où 600 000 emplois auront été détruits entre janvier 2020 et fin 2021, et où près de 10 millions de personnes sont pauvres : c’est 15% de la population vivant en France, une situation inédite depuis 25 ans.

Le gouvernement veut réduire les indemnités chômage d’1,15 million de gens, en moyenne de 17%. Plus les gens sont précaires, et plus ils perdent : souvent plusieurs centaines d’euros d’indemnité chômage en moins. Il veut aussi retarder l’ouverture de droits de 475 000 personnes la première année. Les ministres ne manquent jamais de se répandre en sanglots sur le sort cruel des jeunes : les  18-25 ans seraient pourtant particulièrement touchés par l’allongement à six mois de la période de cotisation nécessaire à l’ouverture de droits, puisque 160 000 d’entre ell·eux ouvriraient des droits au chômage en retard. Enfin, les règles de cumul salaire-chômage seraient durcies, conduisant par exemple la première année les 400 000 personnes les moins bien indemnisées à voir leur chômage baisser de 885 € à 621 € en moyenne, mais à en plus ne plus pouvoir cumuler ce chômage avec leur salaire au-delà de 900 € de salaire repris, contre 1 400 € auparavant.

Le pouvoir veut donc renverser la logique de la sécurité sociale, selon laquelle chacun cotise selon ses moyens, et reçoit selon ses besoins. À l’inverse, il veut faire du chômage une épargne, un capital. Les plus riches, au chômage, recevraient beaucoup, parce qu’ils ont mis beaucoup de côté ; les plus pauvres, des clopinettes. Arrivé là, le système sera bientôt privatisé : on s’assurerait individuellement et selon ses moyens pour ne couvrir que son propre risque de chômage. N’ayant plus aucune assurance face au risque d’être au chômage, les salariés précaires seraient forcés d’accepter de travailler, qu’importent les conditions d’emploi, pour mettre à manger sur la table. Chacun pour soi. Au contraire, comme nous pensons que ce sont les gens malades qui doivent recevoir des soins de santé, et pas seulement les plus riches, nous affirmons que les personnes les plus exposées au chômage doivent en être mieux protégées. Cette solidarité est la sécurité sociale à laquelle nous tenons. Nous la défendrons bec et ongles.

C’est pourquoi nous appelons à la manifestation
  • vendredi 23 avril à 14 h à la Porte de Paris 
  • samedi 24 avril à 15 h au Théâtre Sébastopol