- Pour un débat
public sur les droits sociaux -
À quelques
jours de la signature de l'accord UNEDIC attaquant la protection sociale des chômeurs-ses,
des précaires, des intérimaires et des intermittent-e-s, nous avons tenté de
prendre la parole sur le plateau de France 3 Nord-Pas-de-Calais. Durant
quelques secondes, vous avez pu lire "Sans intermittents, pas de
spectacle." Sachez que sans intermittent-e-s, pas de télé, pas de cinéma,
pas de concerts, pas de festivals.
Contrairement
à ce que dit France 3, nous ne sommes pas entré-e-s par la force, ni même cache-e-s
dans un cheval, mais par la porte. Nous n’étions pas une trentaine, mais une
dizaine. Rien de bien grave ne s'est passé, ni pour vous, ni pour France 3, ni
pour ce salarié qui aurait été "violemment ceinturé". Sans doute
pensait-il jouer le héros entre nous et le champ des caméras ; face à la
perte de contrôle de cet Ulysse télévisuel, nous avons dû le ramener à la
raison, tout en finesse et modération. Une baffe est arrivée contre l'un
d'entre nous de la main du journaliste "dit" politique. Sans finesse,
ni modération.
Par
contre, une baffe sociale est en train d'être validée par le gouvernement après
négociation de couloirs entre "partenaires sociaux" au siège du
patronat. La signature est entre les mains du ministre du travail F. Rebsamen
qui est en mesure de la rejeter, comme l'avait fait Mme Aubry en son temps.
Le
gouvernement met en place des droits de misère avec une politique économique et
sociale néolibérale. Depuis 10 ans, nous avons pensé et construit des
propositions justes, équitables, solidaires et économiques concernant
le régime spécifique des intermittents, qui ne sont pas entendues. Nous
avons tenté de rétablir la vérité sur les conséquences d'un tel accord. Nous
nous heurtons à un rouleau compresseur médiatique et politique qui nous prétend
coupables de la dette publique.
Les
chaînes traitent de sujets complexes en moins de deux minutes: ne leur accorder
que si peu de temps permet de les réduire en de simples faits divers et n'en
faire ressortir aucun enjeu politique. Elles invitent les "experts"
afin d'expédier des idées reçues. Les chaines publiques sont-elles les nouveaux
chiens de garde de la politique d'un gouvernement qui se déresponsabilise des
droits sociaux ? La parole accordée aux dominé-e-s ne doit elle se résumer
qu'à un micro-trottoir ? France 3 et l'ensemble des chaînes publiques
jouent à l'audimat, aux scoops et sert la soupe médiatique quotidienne vide de
sens laissant le spectateur seul face à un flot d'images et de mots vidés de
leurs substances émancipatrices.
C'est
pourquoi, nous, chômeurs, précaires, intérimaires, intermittent-e-s, nous
demandons un débat public en direct sur le financement de la protection sociale
avec l'ensemble des organisations concernées.
Les InterLuttant-e-s
Nord-Pas-de-Calais, le 22 mai 2014.