15 avril 2018

Prise de parole du samedi 14 avril 2018 en manifestation unitaire de Lille


par Anne Conti
Je prends ici la parole au nom du SFA-CGT spectacle et de la Coordination des InterLuttants 59-62.
Nous, artistes-interprètes, techniciens et administratifs du secteur du spectacle vivant et de l’audiovisuel, syndiqué.e.s ou non, voulons ré-affirmer ici notre soutien aux cheminots en grève, aux salarié.e.s de la santé, de l’éducation, de l’animation, de la recherche, tous les secteurs qui, essorés par le sous-effectif, se voient, se sentent au bord de l’asphyxie et de plus en plus précarisé.e.s, dépouillé.e.s petit à petit de leurs droits. Nous soutenons également les étudiants qui se mobilisent pour défendre l’égalité des chances.
Nous sommes ici, ensemble, debout pour défendre la notion même de service public.
Et un service public de qualité !
 Nous sommes nous-même régulièrement en lutte, vous le savez, depuis tant d’années pour maintenir le régime spécifique de l’intermittence du spectacle qui, loin d’être un régime de plénitude et de privilèges, permet juste de répondre aux réalités de nos métiers à savoir nos systématiques embauches à contrats à durée déterminée.
Pour nous aussi la situation se durcit et bientôt nous serons de nouveau sur le feu des prochaines réformes de l’Unedic.
Ø Ce gouvernement montre, par l’Action Publique 2022 ou CAP 22, qu’il veut démanteler le ministère de la Culture en prétendant le « moderniser ».
Ø Sur ordre de Macron, l’audiovisuel public est déjà soumis à des restrictions budgétaires. Les professionnels du montage sont en grève (entre autres, ils dénoncent les délocalisations dans le mixage, les logiques comptables...).
Ø Tous les secteurs dépendant de l’action publique sont en danger : y compris le cinéma, l’action culturelle, l’éducation populaire ou de larges pans de la création !
Toute la politique publique qui garantit la diversité, y compris dans le privé, est revue à la baisse.
Alors oui, nous, artistes, continuerons à nous battre pour nos métiers, car même si nous connaissons la flexibilité, la précarité, les possibles trous de carrière, la complexité administrative, les menaces d’extinction, les retraites ridicules, le jamais malade, le zéro-sécurité d’emploi : nous faisons un métier passionnant, de haute qualité de rentabilité humaine, qui tisse du lien, provoque du rêve, de la créativité, de l’invention, du plaisir et du sens.
Nous nous rejoignons dans la rue, nous luttons ensemble pour défendre nos métiers et nos droits, vos métiers et vos droits.
Non Monsieur Macron, nous ne sommes ni fainéants, ni violents !
Les violences, c’est vous qui les créez, elles sont sociales, elles sont cravatées, elles sont enrubannées, elles sont légiférées.
Les blocages de FAC, les ZAD, les trains ou spectacles annulés sont des lancements d’alertes vitaux.
Les salariés du privé ne sont pas non plus en bonne santé. Pour beaucoup, au bord d’un gouffre d’inhumanité. En spirale de vitesse, à coup d’objectifs inatteignables, cloisonnés et isolés.
Oui, il est temps de nous regrouper !
Les français commencent à voir clair dans votre jeu. Le jeu d’un monde tout entier voué à la finance et la concurrence. Vous, et avant vous d’autres, essayez depuis tant d’années de nous liguer les uns contre les autres. De nous opposer.
Nous avons tous besoins des uns des autres, chacun dans la qualité de son métier.
Regroupons-nous pour rester debout et dignes !